2021

 

Nova Voce
17 août 2021

Eglise Saint Michel

Récital Philippe Cassard

 

Schubert, Chopin, Debussy…
Récital Philippe Cassard
piano

Programme

Schubert
Sonate D.850 en ré majeur op.53
Allegro vivace
Con moto
Scherzo allegro vivace
Rondo allegro moderato

Chopin
Nocturne op.27 n°1
Berceuse op.57
Barcarolle op.60

Debussy
Reflets dans l’eau (Images)
Ondine (Prélude)
Jardins sous la pluie (Estampes)
La cathédrale engloutie (Prélude)
L’Isle joyeuse

Le musicien
Pianiste, musicologue, producteur et animateur d’émissions sur France Musique, Philippe Cassard a abordé la musique très tôt, d’abord en aimant chanter, puis en éprouvant du bonheur à poser ses doigts sur un clavier dans sa cinquième année. Il dira plus tard : « Je crois à une hypersensualité des doigts sur le clavier » Voix et piano seront tout au long de sa carrière des sources d’expression et de recherche qui expliquent ses affinités musicales et culturelles.
Sa formation au piano commence à Besançon, où il est né en 1962, puis au Conservatoire National Supérieur de Paris avec Dominique Merlet et Geneviève Joy-Dutilleux. En 1982, il obtient les 1er Prix de Piano et de Musique de chambre, part étudier à Vienne auprès de Bruno Seidlhofer et Hans Graf, se rend ensuite chez le prestigieux Nikita Magaloff à Montreux pour recevoir ses conseils, s’émerveille en écoutant la mezzo-soprano Christa Ludwig, qui deviendra sa marraine musicale, quand on lui proposera de jouer dans la série des Grands interprètes au Jeune talent. En 1988, il reçoit le 1er Prix de piano au Concours international de Dublin.
Sa sensibilité, sa soif d’apprendre ont aiguillonné sa passion pour le piano seul ou en accompagnement des plus belles voix. Il s’est ouvert une carrière internationale, qui l’a conduit à jouer avec les plus grands orchestres et à donner des récitals plus personnels enrôlant ses compositeurs préférés, Schubert et Debussy, tout en élargissant son répertoire. En 1993, il donne l’intégrale des œuvres pour piano de Debussy en quatre récitals sur une journée. En 2011, il forme un duo avec Nathalie Dessay et enregistre deux albums, Mélodies françaises chez Erato et Lieder de Schubert chez Sony. En 2020, il obtient avec David Grimal et Anne Gastinel un Diapason d’or pour l’enregistrement des trios de Beethoven. En 2021, il vient nous enchanter à l’Ile-aux-Moines.

Les choix du pianiste
Les trois compositeurs et les oeuvres retenus par Philippe Cassard pour ce concert sont en relation directe avec des événements fondateurs de son parcours musical.
C’est lors d’un concert à Besançon, alors qu’il a sept ans, qu’il fait entrer Chopin dans son univers musical grâce à l’écoute subjuguée d’un récital de Samson François.
Au même âge, son professeur lui donne à apprendre un extrait des Children’s Corner de Debussy. Dans son livre sur ce compositeur (Debussy, Actes Sud, 2018), Philippe Cassard écrit : « Debussy a fait dès lors partie de mon quotidien musical ».
Quant à Schubert, c’est en découvrant ses Lieder, que Philippe Cassard confirme son attachement à ce compositeur comme il le formule dans un texte (Schubert, Actes Sud, 2008) : « Voilà pourquoi l’univers de Schubert a pénétré en moi par d’autres voies, d’autres voix, devrais-je écrire… »
Et dans les œuvres choisies, on découvre des résonnances ou des correspondances, des sensations, des couleurs, des images, des écritures de plus en plus audacieuses et innovantes.
La sonate en ré majeurD.850 op.53 de Schubert
Portant le sous-titre Seconde Grande Sonate, elle est en réalité la dix-septième, proche par son style des Lieder écrits le même été 1825, restitution d’impressions perçues par le compositeur devant la contemplation d’une nature vivifiante, s’exprimant par une recherche rythmique continue qui s’apaise dans une fluidité finale troublée seulement par la résurgence d’un rythme à l’égal d’un souvenir se glissant dans un rêve, ainsi que le souligne Brigitte Massin (Franz Schubert, Fayard, 1977).
De Chopin à Debussy
Chaque œuvre retenue pour ce concert porte un titre explicite avec un glissement du romantisme vers un modernisme musical de Chopin à Debussy. Les trois compositions de Chopin trouvent un écho rythmique ou mélodique dans des pièces de Debussy. Les tierces qui se trouvent à la fin du Nocturne op.27 n°1 irriguent le début du Clair de lune de Debussy. Le motif d’accompagnement de la Berceuse op.57 hante Les sons et les parfums tournent dans l’air de Debussy.
Quant à la Barcarolle op.60, Philippe Cassard écrit dans son livre sur Debussy : « La Barcarolle de Chopin, c’est le « patron » sur lequel Debussy coud point par point son Isle joyeuse ». Pour Chopin, c’est la narration d’une déambulation sur les canaux à Venise, un éveil amoureux aveuglé à la fin par un soleil zénithal. Pour Debussy, qui s’est inspiré du tableau de Watteau, Le pèlerinage à l’Ile de Cythère, ce sont sensualité et amour exaltés, « se terminant dans la gloire du soleil couchant ». Pour Philippe Cassard : « L’Isle joyeuse est rapidement devenue un des morceaux fétiches de mon répertoire »
Debussy, poète des eaux
Les cinq morceaux qui concluent le concert correspondent au qualificatif attribué à Debussy par Francesco Spampinato (Debussy, poète des eaux, L’Harmatan, 2011). Debussy a en effet métamorphosé ces musiques en une substance matérielle, leur a donné la musicalité de l’eau dans ses effets sur la nature, de l’eau comme élément de légendes, de l’eau sur laquelle on s’embarque. La Cathédrale engloutie, en écho à la légende bretonne d’Ys, donne à entendre de manière saisissante l’émergence puis l’engloutissement d’une cathédrale avec ses cloches et ses orgues. Apothéose avec l’Isle Joyeuse, révélatrices des inventions d’un musicien qui a instauré une nouvelle esthétique musicale
Philippe Cassard, pianiste, récital : Schubert, sonate D850 en ré majeur ; Chopin, Nocturne op.27 n°1 / Berceuse op.57 / Barcarolle op.60 ; Debussy, Reflets dans l’eau /Ondine / Jardins sous la pluie / La cathédrale engloutie / L’isle joyeuse.