2022
4 août 2022
Eglise de l’Ile-aux-Moines
Soirée Quatuor
Quatuor Modigliani
PROGRAMME
Schubert : Quartettsatz en ut mineur
Schubert : Quatuor Rosamunde en la mineur
Smetana : Quatuor « de ma vie » en mi mineur
Les musiciens
Le Quatuor Modigliani naît en 2003 de la rencontre de quatre étudiants au Conservatoire National Supérieur de Musique (CNSM) de Paris. C’est en visitant l’exposition Modigliani au musée du Luxembourg qu’ils décident de donner le nom de ce peintre à leur quatuor. Un an seulement après leur formation, les Modigliani remportent trois premiers prix aux Concours Internationaux d’Eindhoven (2004), au Vittorio Rimbotti de Florence (2005) et aux prestigieuses Young Concert Artists Auditions de New York (2006). Il reçoivent l’enseignement du Quatuor Ysaÿe et s’imposent parmi les quatuors les plus demandés de notre époque.
Invité régulier des grandes séries internationales et salles prestigieuses, le quatuor Modigliani créé en 2011, et dirige depuis, le festival de Saint-Paul de Vence ainsi que celui de musique de chambre d’Arcachon, puis relance en 2014 les Rencontres Musicales d’Evian, et en assure la direction artistique, enfin se voit confier en 2020 la direction artistique du Concours International de Quatuors à cordes de Bordeaux. Ils ont réalisé de nombreux enregistrements avec le label Mirare, obtenant de nombreuses récompenses (Chocs de Classica, Diapason d’or…) et dernièrement l’intégrale des quatuors de Schubert.
Grâce au soutien de mécènes, le quatuor Modigliani peut jouer de magnifiques instruments italiens : Amaury Coeytaux un violon de Guadagnini de 1773, Loic Rio un violon de Guadagnini de 1780, Laurent Marfaing un alto de Mariani de 1660, François Kieffer un violoncelle de Matteo Goffriller « ex-Warburg » de 1706.
Le choix des musiciens
Le Quartettsatz, écrit en 1820, est resté inachevé après les quarante premières mesures du deuxième mouvement. Ce n’est que le premier mouvement qui est toujours exécuté, et il est passionnant par sa liberté tant sur le plan de la forme que du plan tonal avec une reprise en conclusion des huit mesures de l’introduction reliant l’état psychologique du compositeur à l’atmosphère tragique qui s’étend alors en Autriche. Les interprètes peuvent faire valoir toutes les nuances et la finesse de jeux sonores.
Le Quatuor dit Rosamunde, datant de 1824, est un retour à la forme du quatuor à cordes abandonnée par le compositeur depuis l’inachèvement du Quartettsatz. Il comporte quatre mouvements nourris d’emprunts à des œuvres antérieures que le compositeur s’applique à transcender, musique de scène et lied, pour arriver à conjurer l’atmosphère pathétique et parfois inquiétante qui rejoint une question dont le compositeur fit poème : « Bel univers, où es-tu ? » et creuse par la musique les reliefs psychologiques de la vie « juste avant que la nuit ne revienne ». C’est par leur entente, leur écoute mutuelle, leur saisie profonde et sensible de cette œuvre que les Modigliani peuvent en faire ressortir toutes les émotions les plus touchantes.
Le premier quatuor de Smetana termine le parcours de ce concert, une œuvre autobiographique écrite en 1876, alors le compositeur est devenu sourd. En quatre mouvements, il décrit le poids du destin, les moments sentimentaux les plus heureux, l’espoir qui demeure. Smetana décrit le sens de cette œuvre à programme :
« Ce que j’ai voulu faire, c’est retracer en musique le déroulement de ma vie. Premier mouvement : goût pour l’art dans ma jeunesse, atmosphère romantique, nostalgie indicible, … puis, dès le prologue, l’avertissement du malheur futur, et la note « mi » du finale longtemps tenue c’est le sifflet funeste et strident qui s’est déclenché dans mes oreilles en 1874, marquant le début de ma surdité. Le deuxième mouvement quasi polka, me transporte à nouveau dans le tourbillon joyeux de ma jeunesse alors que je composais une multitude de danses tchèques… Le troisième mouvement est une évocation de mon premier amour pour celle qui devint ma première épouse. La quatrième est la prise de conscience de la réelle force d’une musique nationale, période de joie, jusqu’au moment de l’interruption brutale provoqué par la surdité. »
Le choix de ce quatuor repose sur ses rapports à la vie avec les tensions entre le tragique et l’art en écho avec ceux qui animent la musique de Schubert.