2022

 

Nova Voce
12 août 2022

Eglise de l’Ile-aux-Moines

Texte et musique

 

Raphaël Chrétien et Gérard Charroin

 

PROGRAMME

Lectures : Extraits des Confessions de Saint Augustin

J.S. Bach : suite n°2, sarabande ; suite n°3, allemande ; suite n°2, prélude ; suite n°2, menuets ; suite n°1, prélude ; suite n°3, sarabande ; suite n°5, sarabande

Paul Hindemith : sonate, 2ème mouvement ; sonate, 3ème mouvement ; sonate, 4ème mouvement

Les interprètes

Raphaël Chrétien est issu d’une famille de musiciens bien connue sur l’Ile-aux-Moines. Il débute très tôt le piano et le violoncelle, d’abord avec son père puis auprès d’Alain Meunier. Dès l’âge de quatorze ans, il est sélectionné par Mstislav Rostropovitch, pour participer à sa master-class consacrée à Prokofiev. Il intègre ensuite le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris (CNSMDP) dans la classe de Philippe Muller et de Christian Ivaldi, où il obtient les 1ers Prix de Violoncelle et de Musique de chambre. Il se perfectionne au CNSMDP et à l’Académie de musique de Bale, où il rencontre notamment Pierre Boulez qui écrit : « J’ai entendu Raphaël Chrétien et fus vivement impressionné par son interprétation du triple concerto de Beethoven au Théâtre des Champs-Élysées ». Lauréat de concours internationaux, dont le Prix spécial Martinu au Concours international de Prague ou le Grand Prix et le Prix du Public au Concours international de Belgrade, puis enrichi d’une expérience comme co-principal du London Symphony Orchestra, il mène une carrière de concertiste internationale.

Raphaël Chrétien est l’invité régulier de nombreux festivals français et internationaux et est aussi l’un des rares musiciens européens convié au célèbre Marlboro Music Festival aux USA, aux côtés d’artistes tels que le quatuor Julliard, Andras Schi et Mitsuko Ushida. En soliste, il s’est produit avec l’orchestre National d’Ile de France, les Siècles, le Philharmonique de Prague, la Camerata de Salzbourg, le Guildhall Symphony Orchestra, …

Son vaste répertoire s’étend des suites de Bach sur instrument baroque aux œuvres les plus contemporaines : interprète ou dédicataire d’œuvres de Nicolas Bacri, Franck Bedrossian, Paul Méfano, Piotr Moss, Philippe Schoeller, Alessandro Solbiati, Iannis Xenakis, Philippe Hersant…, il participe ainsi activement à la création musicale.

Sa discographie originale, initiée avec le premier enregistrement mondial des CA- princes d’Al redo Piatti pour violoncelle seul, s’est étoffée de nombreux titres allant de Brahms à Ginastera, en passant par Martinu, Duparc, Guy Ropartz, Saint-Saëns, Lalo ou Offenbach (duos pour deux violoncelles en compagnie de Jérôme Pernod), qui sont régulièrement salués par la presse.

Gérard Charroin, qui tient le rôle de récitant, est un comédien qui enrichit sa carrière par des mises en scène et des productions de spectacles. C’est au Conservatoire d’Art Dramatique d’Alger qu’il a révélé ses dispositions pour le théâtre et obtenu plusieurs premiers prix avant d’entrer au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris dans la classe de Louis Seignier, puis au Conservatoire de la Comédie Française. Il a joué dans de nombreuses pièces dont « Cyrano de Bergerac » avec Jean Piat, « Les noces d’une nuit d’été » de Shakespeare, mises en scène par Jacques Fabri.

Son parcours se complète par la production et la réalisation d’émissions de radio sur le théâtre, la direction de théâtre, qui le conduit à mettre en scène, en particulier au Théâtre des Essais à Lyon, des pièces comme « Morts sans sépulture » de Jean-Paul Sartre ou « Jeanne et les juges » de Thierry Maulnier. Il réalise des films documentaires et avec l’Agence Concerto, qu’il crée, des spectacles musicaux et littéraires tels que « Voyage dans l’Europe musicale » avec Frédéric Lodéon, « Camille Claudel » avec Marie-Christine Barrault et contribue à des festivals tels que « SenLiszt » pour la Fondation Georges Cziffra, « Le Festival Pablo Casals » à Prades.

Enfin, il collabore à l’Ensemble Calliopée et est depuis 2018 directeur artistique du Festival « Les Journées Littéraires et Musicales » de Brunoy avec Manuel Dieudonné, professeur de philosophie.

Le choix des interprètes

Proposant ensemble des spectacles musicaux et littéraires, Gérard Charrouin et Raphael Chrétien ont perçu combien l’écriture de Saint Augustin offrait de correspondances avec des partitions dont la nature conjuguait art et spiritualité. Saint Augustin, né en 354 à Tagaste, a posé dans ses confessions des questions essentielles exprimées avec « le langage de l’âme et la clameur de la pensée ». Son œuvre a concouru à « forger l’âme de l’Occident, modeler nos sensibilités, que l’on soit croyant ou non » ainsi que cela est avancé dans l’annonce à ce concert. Dans son texte, d’une grande beauté littéraire, où il revoit son parcours en affirmant « non plus tel que je fus, mais tel que je suis », se lie un élan vers le divin à une très grande humanité. C’est le trajet d’un homme conduit à un horizon lumineux.

Pour répondre à « cette voix, du mouvement, en soi temporel, d’un objet créé au service d’un éternel vouloir », il fallait une musique qui touche au plus profond des sensibilités et de l’âme, composée par un auteur ayant une vie se rapprochant de celle de l’Evêque d’Hippone. Jean-Sébastien Bach a été un jeune homme fougueux et prompt à faire le coup de poing, il avait une grande culture, connaissant très bien le grec et le latin comme Saint Augustin, il a mué son énergie et tourner son talent vers une musique de l’âme. Les suites pour violoncelle sont donc un pas de plus vers la lumière : « Nulle part, Bach semble avoir autant de grandeur, de force et d’émotion que dans ses suites pour violoncelle » rapporte Patrick Szersbovicz dans le Monde la Musique de 1997. Paul Hindemith, considéré dans l’Histoire la musique allemande comme le dernier maillon entre JS Bach et Richard Strauss apporte à ce concert un autre aspect du cheminement vers la création et son sens. Ce compositeur, explorateur de toutes les possibilités musicales avec une versatilité artistique condense dans sa sonate pour violoncelle seule une énergie qui s’accorde avec les épisodes de la vie de Saint Augustin. Toutes ces œuvres font converger beauté et méditation dans un mouvement de conquête sur soi et d’espérance.